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« Paroles d'artiste » Anne Vignal, mai 2010

« Il ne faudrait jamais demander son chemin à quelqu'un qui le connaitrait car on pourrait ne pas s’égarer » Le talmud

A la suite de ma dernière série de toiles peintes « Désir » en 2008, j’ai ressenti le besoin d’une rupture dans ma pratique artistique : Sortir du cadre imposé par le châssis, pousser la frontière imposée par le mur. J’étais en quête d’une densité extrême de couleurs que je ne trouvais plus avec le medium de la peinture posée sur la toile. J’ai débuté avec une série de petits collages sur plexiglas, dont certains pouvaient se lire recto verso. J’utilisais différentes sortes de papiers opaques ou transparents laissant passer la lumière. Sur le thème d’une cartographie imaginaire, ces petits formats furent une première étape. Puis, c’est en Egypte à Louxor où j’ai été invitée à un symposium international, que j’ai entrepris une série de collages plus monumentaux. Je travaillais en extérieur sur une grande terrasse au bord du Nil, et c’est dans cette ambiance « magique » que j’ai commencé à suspendre mes papiers afin qu’ils flottent librement dans l’espace. De retour à Paris, dans un univers plus cartésien, j’ai commencé la série de grands papiers (2m50 par 1m 50). J’ai suspendu ces grands modules aux poutres métalliques de l’atelier et j’ai travaillé recto verso. Je pouvais bientôt déambuler dans une forêt de papiers. J’ai exploré d’autres matériaux, tarlatane, feuilles de cuivre, miroirs interagissant avec la lumière. J’ai lacéré, troué le papier, violemment parfois. J’ai orchestré ces déchirements dans la représentation de corps, de grands visages pour suggérer la blessure. Je voulais voir, rencontrer ma violence et toute celle que j’avais reçue pour en faire quelque chose. L’acte de recoller, réparer, recoudre, recréer à partir de morceaux étaient étrangement apaisant. C’est la dynamique étonnante du vivant que je ressens quand je travaille. Une réinvention permanente, rien n’est jamais joué d’avance… J’ai réalisé de grandes mains, qui font écho à l’Orient. Elles sont pour moi le signe du lien, la main qui protège, qui panse et qui relie. Le sens du toucher aussi… salvateur. D’autres œuvres plus récentes de 2010 sont totalement abstraites, juste des grands territoires de couleurs, rouges pourpres, vermillons , oranges fluorescents, roses tyriens, verts prairies, bleus cobalt et outremer. J’aime la franchise du ciseau qui découpe le papier, ou de la main qui déchire. Pas d’estompe, un pur contraste. Les papiers insérés entre deux plaques de plexiglas sont accrochées à une suspente en aluminium, et dansent au gré du vent. Les couleurs changent et irradient selon la course du soleil. La lumière devient partie intégrante de l’œuvre. Flexibles, en résonance avec l’architecture et la nature qui les entourent ces modules habitent le monde. Cette installation, aujourd’hui présentée au Château de Laréole, dans les bâtiments des Olivétains et de l’Ancienne Gendarmerie à Saint Bertrand de Comminges sera ensuite exposée à Paris dans les jardins de l’Institut National des Invalides. Itinérances…


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