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Les champs de la terre


Voler, survoler, arpenter la terre à l'état d'oiseau. Dormir, rêver peut-être la planète, à la manière d'un songe d'un habitant du Moghol...

Anne Vignal peint ses migrations intérieures. A la différence d'un Nicolas de Staël qui regardait le paysage par sa fenêtre, elle semble tourner tout autour, entre science, inconscience et ruine de l'âme. L'oeil n'est plus dans la tombe, il est dans la nuée.

En incisant légèrement de montagnes, d'arbres et d'oiseaux de grands champs colorés épanouis, la jeune artiste française poursuit à sa façon les préceptes d'Henri Michaux, ce "barbare en Asie" qui recommandait de "laisser rêver une ligne".

Originaire du Pays basque français, cette rêveuse acharnée aime à se perdre dans les déserts rouges et montagneux des Pyrénées et de l'Aragon, à la recherche de l'ivresse des grands espaces et de cette petitesse de l'homme devant la nature, surréelle, majestueuse, infinie.

Sa peinture sans ligne de fuite ni centre, étrangement décalée entre plein et vide, souligne voluptueusement cet écrasement de la finitude humaine que l'on retrouve dans l'encre chinoise ou dans les paysages romantiques de Gaspard David Friedrich. Cet art extatique paraît souscrire en toute liberté au "wu-wei" taoiste, ce "non-agir" revendiqué par l'ermite qui vit retiré dans la montagne, parmi les oiseaux, pour se livrer à la contemplation.

N'hésitant pas à emprunter au grand catalogue virtuel du XXIème siècle le bleu d'une piscine à David Hockney, la géométrie végétale et sensorielle d'un damier à Paul Klee, l'aveuglante lumière du sud à la touche aquatique de Matisse, ou encore l'irradiation d'un carré de couleur vaporeuse à Rothko, Anne Vignal n'en réalise pas moins ses propres éblouissements d'une petite cosmogonie à usage intime.

Emmanuel Daydé

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