Désir
Peinture
Note de l'artiste
"Le corps est apparu dans mon travail après la série des cartographies. J’avais dessiné beaucoup de modèle vivant durant mes années d’études et j’en avais éprouvé à l’époque beaucoup de plaisir. Ce fut donc pour moi un retour au corps, avec cette fois un angle particulier le désir:
comment exprimer l’attraction, le partage et le mélange ... Comme dans les séries précédentes j’ai dessiné le corps avec la ligne, sans modelé."
Critique
par Emmanuel Dayde, Historien et critique d'art
Extrait du texte « Ingresque » dans le catalogue monographique « Désir »
Anne Vignal ne procède pas autrement dans sa nouvelle série érotique... Entaillant la toile au couteau, ou au contraire l’incisant à la seringue, l’artiste française ne graffite plus des morceaux de paysage ou des constellations dans les marges du tableau, mais dessine à plein, à même les couleurs, gravant dans l’épaisseur de la matière des baisers volés et des étreintes enfiévrées. Comme s’il fallait fouiller la chair pour la rendre vivante. Comme si elle cherchait sous la peau rutilante du jeu des couleurs complémentaires abondamment sollicité par Delacroix: ces verts, oranges et violets dont elle sature ses œuvres récentes, des figures cachées amoureuses et troubles. La peinture griffante d’Anne Vignal se nourrit en sous couche de l’essence même d’un certain art français, exactement comme la peinture de Nicolas de Staël, sous la couleur invisible, rayonne toutes les couleurs invisibles opposées.